Quatrième Mur et Métafiction

Posted By on July 23, 2014

Au théâtre, on appelle “quatrième mur” la séparation invisible entre la scène et le public. Ce mur intangible est supposé empêcher toute interaction entre les personnages de la pièce et le public, afin de ne pas briser la cohérence du récit et l’immersion des spectateurs dans l’univers mis en scène. Cette appellation est employée même dans le cadre d’autres formes d’art, comme la littérature, le cinéma ou la bande-dessinée, ou il n’y a pas nécessairement de “scène”. Évidemment, les règles existent pour être transgressées, et de nombreux auteurs et créateurs n’hésitent pas à le faire : on pense à des films comme Annie Hall de Woody Allen, ou au roman The Princess Bride de William Goldman.

Que le personnage apostrophe son auditoire ou semble savoir qu’il est un être fictionnel, on dit alors qu’il “brise le quatrième mur”. Le récit se transforme alors en “métafiction”, c’est à dire une œuvre qui a conscience de, et même attire l’attention sur, son statut fictionnel. 24 Histoires d’un Temps Lointain est l’occasion de confirmer que Matsumoto Leiji aime recourir à ce procédé, qu’il emploie également à diverses reprises notamment dans l’Anneau des Nibelungen.


KAERAZARU TOKI NO MONOGATARI © 1998 Leiji MATSUMOTO / Akita Publishing

C’est ainsi que dans une histoire, l’auteur “déchire” sa planche en milieu de récit, insatisfait de la tournure prise par l’intrigue, et s’interroge sur ses propres penchants salaces. Tandis que dans une autre, l’histoire est commentée de bout en bout par une groupe de lecteurs horripilants, critiquant bruyamment ce qu’il s’y passe, ne réclamant qu’une seule chose : plus de sexe ! Cette fois-ci, il semble que Matsumoto ait choisi de s’amuser aux dépens de son lectorat de l’époque, qu’il semble considérer comme une bande d’obsédés pervers et jamais contents !


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