Dans l’intimité du néant

Posted By on July 14, 2016

L’érotisme est une part intégrante de Gun Frontier, et faisait probablement partie du cahier des charges imposé à Matsumoto par Play Comic, même si le mangaka, amateur de belles femmes, n’a sans doute pas eu besoin de beaucoup d’encouragements ! De fait, tous les chapitres du manga (ou peu s’en faut) contiennent une scène de sexe, plus ou moins consentie ou déviante. Transposition au Far West de Yuki n°7 du manga Sexaroid, Shinunora, l’héroïne du manga, use et abuse de ses charmes pour se sortir de situations périlleuses ou aider ses compagnons de route, Harlock et Tochirô… quand ils ne sont pas tout simplement en plein ménage à trois.

Matsumoto, s’il tombe parfois dans le mauvais goût ou le grotesque (se rapprochant de la mouvance ero-guro), se refuse en revanche toujours à représenter ces ébats de manière frontale et explicite. La scène est toujours plongée dans les ténèbres, ne laissant entrevoir qu’une partie du corps des amants. C’est en général largement suffisant pour comprendre de quoi il retourne, mais cela donne également à ces scènes un côté claustrophobe, voire oppressant. Le sexe dans Gun Frontier semble moins une question de plaisir partagé qu’un âpre corps-à-corps, une péripétie aussi dangereuse et brutale que n’importe quelle fusillade ou pendaison. Les amants y sont véritablement réduits à l’état de pantins de chair désincarnés, dont l’étreinte prend des airs de lutte existentielle désespérée contre le néant… Le sexe, seule arme contre l’oubli et la mort ?

GunFrontier_Erotisme© 1999 Leiji MATSUMOTO / Akita Publishing


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